
L’acquisition d’une Alpine ancienne ne relève pas du simple caprice : la valeur de ces modèles continue d’échapper aux logiques habituelles du marché de la voiture de collection. Les fluctuations de prix s’accompagnent souvent d’une rareté des pièces, tandis que certains millésimes restent inaccessibles, même aux connaisseurs avertis.
Face à la diversité des modèles produits entre les années 1960 et 1980, chaque version impose ses propres exigences mécaniques et ses pièges à éviter lors de l’achat. L’état de la carrosserie, la traçabilité de l’entretien ou la conformité des équipements d’origine conditionnent directement la pérennité de l’investissement.
Plan de l'article
Pourquoi les Alpines vintage fascinent toujours autant les passionnés
Impossible de parler de l’automobile française sans saluer la trajectoire singulière d’Alpine. Quand Jean Rédélé fonde la marque à Dieppe en 1955, il bouscule les codes : ingénieur et pilote, il impose sa vision d’une voiture légère, nerveuse, dédiée à la course. L’appui de Renault, qui fournit les bases techniques, donne à Alpine un souffle industriel atypique, bien loin des productions standardisées.
Le premier choc, c’est le style. Les Alpines s’étirent au ras du bitume, affichent des galbes tendus, un capot plongeant. Pas besoin de débauche de chevaux : elles s’imposent par leur élégance racée, leur tempérament. Leur silhouette, toujours reconnaissable, se hisse au rang d’icône, aux côtés des références comme la Citroën DS, la Jaguar E-Type ou la Fiat 500. Les A106, A110, A310 ne se contentent pas d’être belles, elles incarnent un équilibre rare entre efficacité et raffinement.
Mais ce qui attise vraiment la convoitise, c’est la rareté. Chaque Alpine, souvent assemblée à la main, porte la marque de son époque, de ses exploits sur les pistes, de ses propriétaires successifs. La relation à ces voitures tient presque du lien charnel. Parallèle évident : la Porsche 911 séduit aussi une large communauté, mais l’Alpine conserve ce supplément d’âme, cette touche française qui fait toute la différence.
D’une décennie à l’autre, Alpine n’a jamais dévié de sa ligne. Ici, l’automobile n’est pas qu’une affaire de chiffres : c’est d’abord une question de ressenti. Collectionner une Alpine, c’est faire le choix d’une certaine idée du sport, du style, d’un artisanat qui n’appartient plus tout à fait à notre époque.
Panorama des modèles emblématiques : de la Renault 5 Alpine aux icônes méconnues
La Renault 5 Alpine, voilà le symbole d’une performance accessible, conçue à Dieppe dans la plus pure tradition maison. Fin des années 1970 : elle s’impose, avant de laisser la scène à la Renault 5 Alpine Turbo, apparue en 1982. Sous le capot, un 1,4 turbo Garrett T3, 110 chevaux, et des performances qui réveillent la catégorie, 0 à 100 km/h en 8,2 secondes, pointe à 186 km/h. Renault retrouve ainsi sa place sur le terrain des petites sportives populaires.
Mais l’histoire commence plus tôt, avec l’Alpine A106. Jean Rédélé, partant de la Renault 4CV, façonne un coupé léger à carrosserie en fibre de verre, réalisé avec Chappe et Gessalin et dessiné par Giovanni Michelotti. Dès 1955, l’A106 jette les bases d’une lignée élégante et racée. L’A108 prend la relève, produite en France mais aussi au Brésil (sous le nom Interlagos) et en Espagne (FASA-Renault).
Puis vient la mythique A110 : c’est la consécration. Fabriquée à Dieppe, en Espagne, au Mexique (Dinalpin), ou encore en Bulgarie (Bulgaralpine), elle s’impose par sa ligne basse et sa redoutable efficacité en rallye. Ensuite, la famille s’élargit, A310, GTA V6, A610, chacune avec ses innovations, son identité propre.
En parallèle, des modèles plus rares, comme le Renault Spider ou certaines productions étrangères, viennent enrichir le patrimoine. Cette diversité, tant sur le plan des moteurs que des carrosseries, atteste d’une créativité sans relâche. Qu’elle soit populaire comme la Renault 5 ou plus confidentielle, chaque Alpine s’inscrit dans une longue histoire, entre reconnaissance patrimoniale et recherche d’authenticité.
Quels critères privilégier pour réussir l’achat d’une Alpine ancienne
L’état général de la voiture doit guider tous les regards. Que l’on vise une A110, une A310 ou une Renault 5 Alpine Turbo, il faut s’attarder sur la carrosserie : la fibre de verre, marque de fabrique du constructeur, révèle parfois les stigmates du temps ou de restaurations hasardeuses. Scrutez la présence de fissures, de cloques, ou de reprises douteuses. Quant au châssis, souvent éprouvé par une conduite dynamique, il réclame une inspection rigoureuse pour repérer traces de corrosion ou déformations.
Le moteur doit aussi être passé au crible. Les mécaniques Alpine, empruntées à Renault, sont réputées solides mais n’aiment pas l’à-peu-près. Il est préférable de miser sur un exemplaire dont le dossier d’entretien est limpide : carnet à jour, factures, photos des travaux réalisés, tout compte. Sur les versions turbo, vérifiez la gestion de la suralimentation et l’état du système de refroidissement, des points sensibles.
Autre point capital : l’authenticité. Prenez le temps de contrôler la concordance des numéros châssis et moteur, la présence des équipements d’origine, jantes, sellerie, instrumentation. Les modifications non documentées font chuter la cote, sauf si le véhicule bénéficie d’un rétrofit électrique bien argumenté, une tendance qui pointe sur l’A110 pour ceux qui veulent conjuguer tradition et modernité.
Enfin, rien ne remplace l’expérience au volant. Dès les premiers tours de roue, une Alpine en bonne santé dévoile son équilibre, son agilité, que ce soit en ville ou sur petites routes. Précision du train avant, réactivité : tout se joue sur quelques kilomètres.
Vivre et partager la passion Alpine : clubs, rencontres et esprit de communauté
La passion Alpine ne se vit pas en solitaire. Elle s’alimente dans la convivialité, se nourrit des échanges entre passionnés, et s’épanouit lors des rassemblements. Les clubs spécialisés dans l’automobile française, qu’ils soient généralistes ou dédiés à la marque, orchestrent chaque année des rencontres où se croisent collectionneurs, restaurateurs et amateurs curieux. Sur les routes sinueuses, le chant d’une A110 répond aux souvenirs d’anciens pilotes, tissant un lien générationnel.
Au sein de ces réseaux, l’esprit Alpine s’exprime pleinement. Les sorties collectives, la participation à des événements comme Le Mans Classic ou Rétromobile, créent un tissu d’entraide et de mémoire vivante. Les détails techniques, les anecdotes sur Jean Rédélé ou le partage d’archives s’échangent dans la bonne humeur. Certains clubs publient même leurs propres bulletins ou ouvrages, à l’image de ceux édités par Sophia Éditions ou signés par Serge Bellu, référence absolue sur la marque.
Quelques repères pour explorer la richesse de la communauté Alpine :
- Événements majeurs : Le Mans Classic, Rétromobile
- Publications : « Alpine, de l’ambition à la légende » de Serge Bellu
- Clubs : Alpine Renault, associations locales, forums en ligne
La communauté Alpine accueille toutes les générations et dépasse les frontières. Sur la route comme sur les forums et réseaux sociaux, l’entraide s’allie à l’exigence technique et au plaisir de transmettre. Cette passion, née dans l’atelier de Dieppe, poursuit sa route, infatigable, et continue de faire vibrer ceux qui refusent de laisser le passé s’éteindre dans le rétroviseur.